Laboratoire d'innovation Technologies de l'information Agroalimentaire du futur : livre blanc sur la valorisation des données numériques et l’application concertée de l’IA dans le bioalimentaire
INYULFACE livre blanc données bioalimentaire

Agroalimentaire du futur : livre blanc sur la valorisation des données numériques et l’application concertée de l’IA dans le bioalimentaire

par Inyulface Lab

Nous avons suivi le 11 novembre dernier l’événement « L’agroalimentaire du futur: IA, agriculture durable et innovation en recherche ». Une démarche organisée par les Fonds de recherche du Québec, l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA).

Ce qui a particulièrement retenu notre attention est la mise à disposition d’un livre blanc sur la valorisation des données numériques et l’application concertée de l’IA dans le bioalimentaire. Ce document est une bonne référence pour comprendre les défis numériques des différentes filières bioalimentaires au Québec (les productions animales, les productions végétales, la transformation alimentaire ainsi que les pêches et l’aquaculture). C’est aussi une initiative dont d’autres secteurs peuvent tirer des bonnes pratiques sur l’accès et l’exploitation des données, jusqu’à des démarches de données ouvertes / innovation ouverte.

Les défis majeurs du secteur bioalimentaire québécois

Ce livre blanc a été réalisé en collaboration avec le Forum IA Québec et l’Institut de valorisation des données (IVADO) sur la base d’un besoin exprimé par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). La démarche de concertation autour du livre blanc a permis d’établir un portrait précis de la transformation des modes de production et d’innovation en lien avec les technologies, pour répondre aux 3 défis majeurs du secteur bioalimentaire:

  1. l’aggravation de la pénurie de main-d’œuvre
  2. la transformation des habitudes de consommation
  3. la complexité du secteur

Si les différentes filières ont des enjeux spécifiques, on retrouve des problématiques transverses. L’enjeu majeur reste l’accès à la donnée, son partage et sa mutualisation. Enfin l’on comprend que les grandes problématiques sociales et économiques actuelles sont liées. Car le bioalimentaire doit aussi faire face aux changements climatiques et répondre aux exigences de plus en plus fortes en termes de traçabilité et sécurité alimentaire, mais aussi de bien-être animal.

Une réflexion concertée autour des données de toute la filière bioalimentaire

Le livre blanc résulte d’une série d’ateliers de sensibilisation et de concertation ayant pour objectif d’initier une réflexion collective sur le potentiel des données numériques dans le bioalimentaire, les freins liés à leur utilisation ainsi que les besoins des acteurs du milieu. Au-delà de ce diagnostic, il vise à présenter les enjeux phares soulevés par le bioalimentaire de l’avenir et de proposer des pistes d’action en vue de valoriser les données numériques et les systèmes d’intelligence artificielle (IA) dans le secteur bioalimentaire au Québec.

Si vous êtes déjà engagé dans une réflexion autour des données, vous comprenez que pour aboutir cette initiative a besoin de briser les silos organisationnels (et sectoriels), de rendre possible la collaboration (avec les chercheurs et filières, avec l’écosystème), et de former les utilisateurs et décideurs (pour que les nouvelles technologies numériques ne soient pas vécues comme une contrainte mais un atout). Le secteur bioalimentaire a aussi besoin de créer un environnement de confiance autour des données pour aller vers des démarches d’innovation ouverte.

Pas de données sans confiance

Comme l’a rappelé lors de l’évènement Anne-Marie J. Hubert d’ Ernst & Young Canada, un gros travail sur la confiance est déjà enclenché dans le secteur bioalimentaire québécois. Notamment entre chercheurs et producteurs/éleveurs par la transparence dans leurs méthodes d’étude et analyse. Car pour les nombreuses petites structures qui composent la filière bioalimentaire québécoise il existe toujours cette crainte que les grandes entreprises ne s’approprient la donnée.

Ces défis organisationnels et cet enjeu de la confiance, le secteur agroalimentaire québécois les prend à bras le corps depuis déjà plusieurs années. Avec une impulsion majeure autour du plan pour une agriculture durable 2020-2030 annoncé en octobre 2020 et piloté par le réseau québécois de recherche en agriculture durable (RQRAD).

Démarche de concertation bioalimentaire Québec
Source : Fonds de recherche du Québec - Démarche de concertation bioalimentaire

Un comité de suivi intersectoriel

Au-delà de ce document partagé, c’est toute une démarche de gouvernance collaborative qui se met en place dans le bioalimentaire québécois. Avec un comité de suivi intersectoriel chargé de la veille et du partage :

 «Ce livre blanc constitue le premier jalon d’un développement cohérent et coordonné des infrastructures numériques. S’il nous éclaire sur l’importance des données numériques et de l’intelligence artificielle pour le secteur du bioalimentaire, il nous invite également à construire un modèle de gouvernance collaborative et à développer des technologies responsables», selon Henri-Paul Rousseau, professeur invité, École d’Économie de Paris, professeur associé, HEC Montréal, Fellow invité, CIRANO, Montréal, Senior Fellow, CD HOWE, Toronto.

De grands enjeux législatifs à venir

Lors de la session de questions avec le public, Henri-Paul Rousseau est également revenu sur les évolutions législatives auxquelles la filière bioalimentaire pourra répondre avec une stratégie autour des données. Il a rappelé que nos voisins américains étaient en train d’uniformiser leurs règles de traçabilité dans l’agroalimentaire. Le Canada / Québec aura donc besoin de s’y adapter et d’être acteur de ces évolutions. Cet aspect législatif n’est pas qu’une contrainte de plus, car en disposant d’une traçabilité standardisée nos filières disposeraient de données standardisées, qui faciliteront l’interopérabilité entre les équipements physiques et numériques.

Car pour l’analyse de données et l’intelligence artificielle, l’interopérabilité entre les systèmes reste le point clé. Il faut que la donnée soit compatible. Et ce « numérique standardisé » est aussi la clé de voûte pour une relation transparente et de confiance avec les consommateurs au niveau mondial.

Un chiffre pour se rendre compte du poids des réglementations : elles représenteraient 15% des coûts pour atteindre des nouveaux marché. Le Québec collabore donc non seulement avec le voisin américain sur l’évolution de ses réglementations mais aussi avec l’Europe (via le G20 et l’OCDE notamment). Des travaux québécois ont ainsi déjà été intégrés dans les réflexions des réglementations européennes, notamment les travaux de la déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’Intelligence Artificielle.

Désormais, l’écologie dicte l’infrastructure technologique

Enfin, une remarque finale d’Henri-Paul Rousseau nous donne du grain à moudre dans nos réflexions sur le numérique et les enjeux environnementaux. Selon lui, les standards écologiques nous amènent à ce que l’écologie dicte comment l’infrastructure technologique va évoluer, et non pas le choix inverse.

Une remarque qui fait écho aux débats de la dernière COP26 où l’on a vu que le monde de la finance demande aux entreprises de créer de la valeur en suivant les objectifs environnementaux. Un message porté lors de la COP26 par la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFanz) qui regroupe des centaines d’institutions financières du secteur privé engagées à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Lancée il y a quelques mois, elle réunit 450 acteurs financiers de 45 pays représentant 130 billions (130 000 milliards) de dollars américains d’actifs. Cette alliance est pilotée par Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, et est placée sous la houlette des Nations unies (détails Radio-Canada. Et en complément : « La communauté financière lance l’Engagement climatique Canada »).

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